LEPROUS - APHELION ( 27/08/2021)

Seosamh a écrit:Le suite, ça veut pas dire que c'est pareil, sinon j'aurais dit "la copie".
C'est une légère évolution, mais avec un son et un propos similaires, c'est pour ça que je le rapproche de son prédécesseur.

sinii a écrit:...

En fait, c'est le syndrome Evergrey. J'adore un album sur deux (Bilateral, The Congregation, Pitfalls).

eudus a écrit:Je comprends pas comment tu peux le considérer comme la suite direct de Pittfalls
Ce dernier y'avait pas mal de variété, bien rythmé, avec des bons hits
je trouve que sur celui ci, toutes les pistes ont une base identique, avec les moments petits grgri sonores et un Einar qui fait plus aucun effort!

eudus a écrit:On peut aussi ne pas aimer un album d'un groupe qu'on aime, c'est pas grave ^^

Au début de leur carrière, ils faisaient du pur rock/metal progressif, complexe, déstructuré, avec des rythmes qui partent dans tous les sens, ma foi de très bonne facture, mais pour autant, rien qui ne me fait crier au génie, sinon la voix fragile, attachante et sensible de leur chanteur Einar Solberg. Et puis à partir de Malina, en 2017, commence une évolution où le metal s'éloigne et où s'imposent des accents plus rock, pop, trip-hop, très mélancolique, avec des thèmes qui tournent souvent autour de la dépression (que le chanteur a visiblement bien connu ^^). Évidemment, de leurs origines progressives, on garde une certaine virtuosité, un sens de la complexité rythmique et harmoniques, des guitares discrètes mais imprévisibles, un peu comme si Massive Attack (dont le groupe a d'ailleurs repris la magnifique "Angels") avait eu un enfant avec Dream Theater. Et puis surtout - surtout - ce chant, qui est tout ce que j'aime et qu'on n'entend pas assez souvent, à savoir sensible, fragile, vulnérable, qui se casse parfois, haut perché sans être criard. On pense parfois à Muse, en moins horripilant (même si moi, le chant de Muse, je l'adore), c'est expressif, travaillé et vraiment beau.

Pour vous faire découvrir le groupe, je vous propose une sélection de morceaux issus de leurs 2 derniers albums : Pitfalls (2019) et Aphelion (2021).

LEPROUS - Below : dès l'introduction, le ton est donné : claviers feutrés, voix posée, douce, fluette, délicate. Un refrain qui amène une certaine puissance, un côté plus grandiloquent, des orchestrations, on ressort les influences plus progressives, mais on reste dans la mesure, dans la sobriété. et sans hésiter, on propose un deuxième couplet complètement trip-hop, chaloupé, tout en restant dans la pure mélancolie ("I can't remember why I'm here / Only why I need to disappear"). J'en ai, à certaines écoutes, les larmes aux yeux ^^

Leprous - I Lose Hope  : deuxième morceau, avec une vidéo faite par un fan mais qui illustre parfaitement bien le morceau et son thème - là encore, on tourne autour de la dépression et du désespoir - désolé. On y entend un rock progressif d'une délicatesse incroyable, d'une tristesse infinie tout en restant groovy, sautillant, parfois, mystique à certains endroit. J'y entends parfois du David Bowie ambiance "Black Star", il y a quelque chose de l'ordre d'à la fois totalement déprimant mais aussi d’extrêmement réjouissant dans ces lignes vocales entêtantes, brillamment posées, avec quelques chœurs discrets, cette ligne de basse incroyable au début qui donne toute son énergie au morceau. Magnifique.

Leprous - Observe the Train : troisième morceau, toujours sur Pitfalls - ce sont là les 3 premiers morceaux de l'album, j'appelle ça un trio parfaitement gagnant - en voila un toujours aussi doux, mais après deux épisodes dépressifs, voici la respiration - au sens presque propre, puisque c'est le thème du morceau. "Observe the Train" - observer le train - c'est un des mantras de la méditation de pleine conscience : on observe le train de ses pensées, et on les regarde s'éloigner en se raccrochant à sa respiration, ce à quoi invite le morceau ("Breathe in, breathe out / Release, let it all out"). En rappelant que la pratique méditative n'est pas faite dans l'attente de résultats spectaculaires, mais sur le long terme ("Don't force it / The goal is not to feel electrical, angelical / Let it flow The change won't be be radical It's gradual"). Voila donc, en musique, une piste pour sortir de la dépression, et je ne doute pas que le chanteur est passé par là, et cela me parle à titre personnel. Musicalement, on oscille entre douceur, mélancolie, espoir, avec ses lentes modifications harmoniques des arpèges qui passent du majeur au mineur - ça me rappelle le travail de Max Richter sur la BO de Leftovers - et toujours ces lignes vocales vraiment bien trouvées.

Leprous - On Hold : dernier extrait, cette fois-ci de Aphelion, qui vient de sortir et que je n'ai pas encore beaucoup exploré, mais dont une chanson m'a d'ores et déjà prise aux tripes. Bon, là encore, c'est pas ultra-gai (mais vous avez sans doute compris que Leprous, c'était pas Abba ^^), on est dans le gris, la brume, le sentiment de n'être pas à sa place, d'être décalé, de rechercher quelque chose sans même savoir ce que c'est. Musicalement, on choisit encore la douceur, les cordes, l'ambiance pluvieuse, la vulnérabilité et la fragilité. Là encore, à titre personnel, ce titre me fiche des frissons.

Je vous laisse apprécier tout ça, en espérant que ça vous plaise. Je ne vous ai parlé que des deux derniers albums, mais on trouve aussi sur Malina (2017) de bien jolies perles : Malina (pfiou, l'émotion brute argh) ou encore Bonneville.