Professionals

J'ouvre un topic à part entière sur ce sujet, parce que je ne sais pas dans quel topic poster...

Question de Winter Junior : "Papa, les groupes que tu écoutes sont professionnels ?"
Et je n'ai pas su lui répondre autre chose que "ça dépend. En général, non."

Mais du coup, ceux d'entre vous qui sont proches ou dans le milieu : à partir de quel degré de notoriété les membres d'un groupe n'ont plus à travailler à côté ?
Metallica et Maiden, ok.
Abominog, ça paraît clair aussi.
Mais Paradise Lost, Enslaved, Moonsorrow ? Les membres ont un job à côté ?

Helioss ? Unchained ? Sont ils horriblement riches ?

Très bonne question Winter junior !
Je sais que les membres de Paradise Lost ne font que ça, pas de job à côté. Ils doivent donc pouvoir vivre de leur musique.
Moonsorrow, aucune idée.
Par contre, Type O Negative a galéré un peu avant l'énorme succès commercial d'October Rust et Peter Steele faisait des petits boulots à côté.

Des fois c'est même au sein d'un groupe que ca dépend, quand le leader est est l'unique compositeur, il vit de sa musique pendant que les autres ont un job à coté.
Il y a aussi le cas des producteurs, style Peter Tatgren, je ne suis pas sur qu'il vive de la musique avec Pain et Hypocrisy, mais son boulot de producteur doit être bien rentable.

Oui, c'est aussi une question que je me pose depuis longtemps : à partir de combien d'albums vendus un groupe commence-t-il à vivre de sa musique ?
D'ailleurs, est-ce qu'il existe des charts consultables pour le metal ? Il y a plein de groupes pour lesquels je n'ai aucune idée de leurs ventes. Certains nous semblent plsu gros qu'ils ne sont en réalité car ils marchent mieux en France que dans d'autres pays (Angra dans les 90's), d'autres nous paraissent plus confidentiels alors qu'ils cartonnent ailleurs...

Pour ca, je pense qu'on peut regarder les nombres d'écoutes sur spotify, ca donne déjà une idée de la popularité

C'est une donnée publiée ?

Pour chaque artiste on voit le nombre d'écoutes de ses 10 morceaux les plus populaires

Ah oui, exact !

Plus que les ventes physiques ou demat, je pense que ce sont les concerts qui doivent déterminer le passage pro total. Déjà que dans les années 90 seuls les gros pouvaient se reposer sur la vente proprement dite, de nos jours, ce sont les tournées et festivaux qui doivent changer la donne.

Quand je vois Seide pour le cas que je connais, je pense que tous leurs concerts hors Paris sont à perte. Et ceux sur Paris, si on ne compte que l'essence dépensée, même là ça doit pas toujours le faire, alors de là à en vivre... Il doit falloir tourner quasi non-stop pour un groupe qui débute et veut se faire connaître pour pouvoir réclamer des cachets certains rien que pour venir jouer.

Et sinon, excellente question que je me pose souvent. D'ailleurs pour prendre un groupe que tu apprécies, j'ai en mémoire le leader de Therion qui déclarait tourner en été car il était prof, et donc avait le temps de faire des concerts. Comme Therion est quand même un groupe connu internationalement, si ils n'arrivent pas à en vivre, ça donne déjà un certain seuil.

Mais avec leur dernier album, Eonian, les choses devraient changer...

Therion a longtemps galéré, mais sur la fin Cricri ne bossait plus il me semble.S'il a financer seul les fleurs du mal, c'est qu'il à plus de soucis (il en parle dans l'interview fleuve sur radio metal il me semble)
Pour les gros gros groupes NB (Sabaton, Nightwish, EPICA) ils ne bossent pas je crois
Après oui il me semble que les concerts jouent beaucoup.
Je te rejoins sur les producteurs, des mecs comme Tagtren ou Krull sont pas à plaindre à priori.

Quand tu vois que le guitariste du plus grand groupe actuel - The Night Flight Orchestra - exerce à côté en tant que toubib, ça donne une idée de la difficulté de vivre de sa musique de nos jours. Des groupes qui vivront exclusivement de leur musique, il y en aura de moins en moins, je pense. Voire plus du tout ?

Déjà les ventes d'albums ne sont plus vraiment un indicateur, sauf pour les gros dont on se doute bien déjà qu'ils vivent de leur musique.

Après, quand un groupe tourne près de la moitié de l'année, on se doute bien qu'il n'a pas un job à plein temps à côté.

Ca me rappelle le fameux docu sur Anvil : les mecs vivaient de boulots alimentaires avec des équivalents canadiens du CDD ou interim. Et vu la gueule de leurs tournées à l'époque (3 semaines grand max dans l'europe de l'est), c'était logique.

Parmi les groupes français qui vivent essentiellement de la scène française uniquement, il est évident qu'ils tous un boulot à côté, mais attention, parfois le boulot en question c'est prof de guitare, ou autre job en lien avec le monde de la musique, donc des mecs qui ont tout le temps les deux pieds dans le milieu. Il y'a aussi les intermittents qui multiplient les contrats dans différentes formations, qui font parfois les roadies à l'occasion etc, c'est un boulot où il faut savoir avoir beaucoup de contact. Les mecs d'ADX ont tous des tafs à côté, le batteur à été au chômage pendant longtemps (il l'est peut-être toujours ?).

Faut pas non plus tout dramatiser, un groupe international comme Saxon qui tourne beaucoup mais dont les ventes n'ont sans doute rien d'extraordinaire (mais ont un gros back catalogue) ont un niveau de vie tout à fait confortable. Les plus petits, du style Visigoth, qui sortent un album tous les trois ans et bookent une tournée européénne resserrée dans le temps et des concerts plus éparses aux USA ont des activités à côté (ou sont parfois toujours étudiants).

Je pense qu'en France la nature des contrats de travail ne rend pas facile une activité musicale soutenue à côté d'un emploi fixe. A plein temps ça me parait même quasi-impossible, ou alors tu te contentes uniquement de jouer dans ta région.

Pour voir un groupe dont tous les membres sont pères de famille avec CDI, et même si jamais leur ambition a été de vivre de leur musique, clairement les longs déplacements, ce sont des jours de congés loin de la famille, donc ça limite énormément. Alors que les concerts sur le département/région (parisienne), ça peut se faire en semaine au prix d'une certaine fatigue le lendemain.

Dans une excellente interview que Michael Romeo avait accordée aux Éternels il déclarait avoir besoin de faire plein d'autres projets pour arriver à en vivre. Et putain, Symphony X, quand même!

C'est une question qui m'a toujours intéressée.
J'ai donc creusé un peu le sujet et au final peu de groupes arrivent à vivre de leur musique.

Les très gros, pas de soucis (Slayer, Rammstein ou autres).
Après, c'est beaucoup plus compliqué.

Hellhammer (Mahem, Arcturus, et toute une pelletée de trucs) a été (ou est encore) veilleur de nuit dans un hopital psy.

Pendant 17 ans, Chuck Billy (Testament) conduisait des camions en dehors des tournées. Idem pour LG Petrov (Entombed).

Ross Dolan d'Immolation est livreur à NY.
Tomas Lindberg (At the Gates) est prof d'éco.

Tous les types de My Dying Bride bossent également. J'avais lu qu'Aaron occupait une fonction d"ingénieur chez Toyota.

Et en France, y'a pas des intermittents du spectacle ? Bande de feignasses.

Mais plus sérieusement, ça ne me surprend pas. L'art est un milieu ultra concurrentiel, où il faut savoir se faire sa place. Alors être dans le petit monde du metal ne doit rien arranger.

Shamash a écrit:Tomas Lindberg (At the Gates) est prof d'éco.

Certainement le prof le plus cool du monde.

Et Fenriz est éducateur pour enfants handicapés.

Shamash a écrit:Les très gros, pas de soucis (Slayer, Rammstein ou autres)

Pour les Casque à Pointe, je sais pas, mais pour Slayer, j'avais lu qu'une des raisons pour lesquelles Araya n'avait pas encore raccroché, c'est qu'il ne pouvait pas tout à fait vivre du groupe et qu'il ne savait rien faire d'autre dans la vie (c'était une interview assez déprimante d'ailleurs, il me semble que je l'avais postée, mais vous pouvez la retrouver, je crois que c'était chez Noisey).
En 2006, Dailor disait qu'il était vendeur de disque, mais depuis Mastodon a grossi donc je sais pas.
Mais quand je vois un mec comme Robb Flynn tourner autant à 50 piges, je me dis soit il surkiffe la vie sur la route, soit c'est son seul revenu et bordel faut encore y aller...

Après, pour les écrivains, c'est pareil : entre 6 et 14 % du prix de vente... Disons un bouquin à 20€ (comme le mien), ça fait pas 3€ par exemplaire... faudrait que j'en vende 750 pour arriver à dégager UN moins de salaire, alors en vivre

Winter a écrit:Helioss ? Unchained ? Sont ils horriblement riches ?

C'est même indécent.





Non seulement on ne gagne rien dans la musique mais il faut réaliser que très souvent ça coute de l'argent ! Un album (enregistrement, mixage, mastering, pochette, distrib éventuelle...), un concert avec les frais de déplacement de moins en moins souvent remboursés... c'est pas gratuit.
Même à un plus haut niveau que le notre ça coute, je pense même que plus un groupe grossit plus il perd de l'argent jusqu'à un point d'équilibre où sa notoriété lui permet de rentrer dans ses frais en vendant du merchandising lors des concerts (car c'est la seule chose qui rapporte un peu, ça fait longtemps que les ventes de disques n'existent plus). Si tu veux que ton groupe grossisse il faut faire des investissement comme par exemple acheter (car ça s'achète) une place sur une tournée d'un plus gros groupe. On nous l'a proposé plusieurs fois avec Unchained mais pour l'instant on n'a jamais estimé que le jeu (et surtout le coût) en valait la chandelle. On a peut être tort, je ne sais pas.

Ceci étant dit, personne ne fait de metal pour gagner de l'argent, il faudrait vraiment être stupide. On fait tous ça pour le plaisir, avec l'espoir que ça nous coute le moins possible.

Winter a écrit:Helioss ? Unchained ? Sont ils horriblement riches ?

N’exagérons rien.

Les ventes de mon dernier album m'ont tout juste permis d'acquérir une petite bicoque comme résidence tertiaire :

J'avais lu aussi une interview de Devin Townsend, qui parlait du fait que sa musique est son métier, que c'est avec ca qu'il fait vivre sa famille, et que pour ca il devait générer 15000€ par mois pour vivre (comprendre aussi qu'il fallait aussi avec ca payer ses zicos et tous les frais.

Tu veux dire dans cette interview?