Les bouquins sur le metal

Tabris a écrit:
Pas besoin d'explications je crois !

Et Wotan, je n'avais pas du tout vu tes retours sur le bouquin du black metal, ça donne envie !

Et le bouquin de Sakrifiss l'un d'entre-vous le connaît ?

Non.
En fait je pense qu'en termes de black, on doit être à l'opposé l'un de l'autre. Du coup je n'ai pas lu.

Winter a écrit:Non.
En fait je pense qu'en termes de black, on doit être à l'opposé l'un de l'autre. Du coup je n'ai pas lu.

Je suis pas aussi sur la même longueur d'onde toujours mais j'aime beaucoup ses chroniques et sa chaîne YT

Il a son style, c'est clair, il est assez marrant dans son approche.

Pas mal, l'autobiographie de Rob Halford (Confess). Il s'attarde assez longuement sur son enfance, ce qui donne une idée assez précise de ce que ça pouvait vouloir dire de vivre dans une banlieue ouvrière au cœur du pays minier en Angleterre - on comprend mieux pourquoi tant de types qui voulaient échapper à l'usine ont fondé des groupes là-bas. Halford avait prévenu qu'il dirait tout et c'est vrai qu'il y a pas mal d'anecdotes assez salées, même si on n'est pas non plus chez Mötley Crüe (il est aussi question d'une OD, ceci dit). Halford est britannique et ça se ressent, je trouve, il a ce détachement assez typique. On se rend compte que c'est un vrai fondu de metal (et de chanteuses pop), qu'il a tout fait par passion - ce qui a failli lui coûter cher, et pas seulement financièrement. Les épisodes marquants ou polémiques ne sont pas éludés - le vrai/faux live Unleashed in the East, le procès pathétique pour incitation au suicide, son départ "involontaire" peu après Painkiller... La seule chose qui m'a un peu dérangé est qu'il ne parle pas davantage des compos de Judas Priest, même si chaque album a droit à quelques lignes. Ce n'est pas forcément étonnant, puisqu'il ne s'agit pas d'un livre sur le groupe mais sur lui. Et puis on peut imaginer qu'il ne se souvient pas de tous les détails - je suis toujours surpris que des types torchés H24 (c'était son cas jusqu'en 86) soient capable de restituer des anecdotes vieilles de  quarante ans. Cependant, rien n'incite à douter de ce qu'il décrit, il ne cherche pas le scandale, au contraire j'ai l'impression qu'il se retient sur certains chapitres - il est très prudent dans la manière dont il parle des autres membres du groupe, y compris KK Downing. Il dit lui-même qu'il a une détestation maladive de la confrontation, donc ce n'est pas très étonnant. Mais le vrai sujet du livre, comme on peut s'en douter quand on connaît un minimum l'histoire du personnage, c'est l'homosexualité. Plus exactement la façon dont il a l'a vécue (spoiler : mal) avant de faire son coming out. Être gay de nos jours n'est pas toujours évident, ça l'était encore moins dans les années 70 et 80, s'il fallait une confirmation. Halford s'attarde longuement sur ses doutes, ses tentatives malheureuses d'avoir une relation stable, certaines relations toxiques, et finalement l'amour. En revanche, pas une seule fois il ne relate une agression homophobe, même verbale, à part un coup de pression du maire de St Pétersbourg avant un concert pour lui rappeler la législation russe concernant la "propagande homosexuelle". Halford a beau répéter qu'il n'est pas un militant de la cause gay, il la défend à sa manière, en expliquant par toutes les phases où il est passé avant de s'accepter lui-même et se faire accepter par les autres. Je conseille le bouquin, aussi drôle que, parfois, tragique. En plus, il incite à écouter son projet indus metal 2wo, ce que personne n'a fait de son plein gré à l'époque de sa sortie, apparemment. Et bien c'est pas si mal.

Je te rejoins, j'ai adoré ce bouquin que j'ai trouvé bien plus intéressant et sincère au final que celui de Dickinson par exemple.  

Du coup Robinet sort un nouveau livre bientôt :


Rob Halford's A-to-Z of Rock and Metal shares reflections on music, touring, bands and more after fifty years of living the metal life.

Faut vraiment que je pense à le prendre son bouquin... Par contre 2wo, c'est quand même assez moyen.

Le bouquin est excellent, 2WO beaucoup moins. J'ai bien sur tout réécouté du Priest et de sa carrière solo en lisant, et j'ai pas eu de révélation pour ce que j'aimais moins comme A Small Deadly Space de Fight, 2WO, ou encore l'album Crucible de sa formation Halford.

2wo, je n'ai pas dit non plus que c'était génial Mais je m'attendais à tellement pire - genre bidouillages fatigués et voix trafiquée n'importe comment - que j'ai été agréablement surpris. Mais de là à l'écouter régulièrement, non.

Petite revue de quelques bouquins où ça cause metal (et rock). Metal Story d'Andrew O'Neill est écrit par un fan de metal anglais qui fait du stand up : "Le monde se divise en deux catégories : ceux qui aiment le metal, et les cons". C'est drôle, vachard, lucide (un chapitre s'intitule "à la fin des années 1990, tous les groupes que j'aimais se sont mis à faire de la merde") et assez précis. Bien sûr le gars a ses chouchous - les groupes qui font du thrash - et ses têtes - Mötley Crüe. Mais il parle même des groupes qu'il n'aiment pas car le projet est, quand même, d'écrire une histoire du metal. O'Neill est né à la fin des années 70, il a donc beau jeu de mettre en avant les pionniers britanniques du genre, sans oublier les Américains, bien sûr. Et il prend soin de remettre la naissance du metal dans son contexte, c'est très intéressant. Par contre, en bon Rosbeef qui se respecte, le metal et le rock en général se cantonnent pour lui à la Grande-Bretagne et aux États-Unis. Hormis la Norvège (pour le black metal, qu'il apprécie), les autres pays ne sont presque jamais cités, l'Allemagne et la Scandinavie étant réduites à leurs productions power metal très rapidement évoquées (vu que l'auteur n'aime pas ce sous-genre). Autant dire que le metal français n'existe pas pour lui, ce qui ne l'empêche pas de causer dans le micro de notre radio nationale. Je recommande ce livre sorti en 2018, clairement destiné à un public de quadras-quinquas par ses références et qui reste d'actualité, sauf à vouloir suivre scrupuleusement l'évolution de la scène deathcore. Et justement...


Double inversée de Metal Story (il est paru la même année), Saga Metal est écrit par des branleurs yankees du blog MetalSucks, "aussi apprécié que controversé" selon la notice de la Fnac. Pour ces types, le metal se résume aux productions US récentes. Tout ce qui précède est expédié en courts chapitres bourrés d'approximations, en plus d'omissions flagrantes (Deep Purple, connaissent pas). Bref, la suffisance ricaine dans toute sa splendeur. Si l'on oublie la volonté d'écrire, là aussi, une histoire du metal, le livre est d'une part amusant par ses partis pris - des pages entières consacrées à des groupes de metalcore/ deathcore/ emocore/ blackgaze - et d'autre part instructif sur la façon dont le public américain, plutôt jeune, perçoit le metal aujourd'hui. Mais pour s'instruire sur l'histoire du metal, ce n'est clairement pas un livre que je recommanderais. Sauf si on considère d'emblée que Suicide Silence et Code Orange (qui ça ?) sont des groupes majeurs du genre.


Rock'n'Foot, quant à lui cause, guess what?, bobsleigh et bossa nova. Le titre m'avait séduit, ce n'est pas si souvent que foot et rock sont associés, surtout en France où il ne viendrait pas à l'esprit d'un rockeur/ métalleux digne de ce nom d'arborer un maillot de son club fétiche en concert (c'est différent en Belgique, et encore, uniquement pour l'équipe nationale pour ce que j'ai pu constater). Encore une différence majeure avec le rap, tiens. J'étais plutôt curieux du résultat, et j'ai été déçu. L'auteur, comme souvent chez les rédacteurs français récupérés par Camion Blanc, est un quinqua-sexagénaire érudit qui écrit des articles sur son blog et à qui on a manifestement demandé de compiler ses articles pour en faire un bouquin. Son livre consiste donc à tracer chronologiquement une histoire du rock en citant les clubs de foot auxquels sont affiliés les musiciens britanniques.  Déjà, le propos se limite à la Grande-Bretagne, assez logiquement pour qui considère le rock comme étant soit anglais soit nord-américain. Et comme le soccer n'a qu'une faible importance "sociale" aux USA, il ne reste plus qu'un seul terrain de jeu à explorer. Bon, pas de bol, les Stones n'ont rien à cirer du foot, les Beatles s'y intéressaient à peine plus, comme la grande majorité des groupes des années 60-70 - ça part mal. On croit que le livre va prendre son sujet à bras le corps avec des explications sur les rapports amour-haine entre les deux phénomènes populaires, le foot étant le loisir des parents quand le rock devient celui des ados et jeunes adultes. Mais non. S'ensuivent les litanies parallèles de palmarès d'une part et de carrières discographiques d'autre part, interrompues par une évocation du hooliganisme au travers des écrits de plusieurs auteurs britanniques. Les récits se juxtaposent mais ne se nourrissent que rarement les uns des autres. Les relations supporters-musiciens-public rock-footballeurs ne sont pas approfondies. L'auteur passe donc à côté de son sujet, réussissant même à se viander sur l'évocation de l'un des rares musiciens ayant failli devenir footballeurs (l'inverse ne semble pas exister), Rick Savage de Def Leppard, dont il indique qu'il avait été recruté dans sa jeunesse par Sheffield Wednesday dont il était supporter, alors qu'en réalité il avait signé chez le club ennemi de Sheffield United. Cette imprécision résume à elle seule la frustration engendrée par ce livre qui ne répond pas aux attentes soulevées par son titre. Reste un ouvrage de passionné, doublement donc, mais qui à mon sens ne vaut pas de se délester des 30€ mentionnés sur la quatrième de couverture.

Ca parle de Steve Harris au moins ?

Dark S. a écrit:Ca parle de Steve Harris au moins ?

Dans les trois bouquins, oui. Dans Rock 'n' Foot, l'auteur parle d'une "personnalité attachante", d'un "fin lettré", d'"un musicien accompli, un poète inspiré et un vrai érudit tel qu'on en rencontre assez peu dans les domaines du hard-rock et du supportérisme". Sympa de la part de quelqu'un qui dit ne pas aimer le metal, mais à part indiquer que Harris a un auto-collant de West Ham sur sa basse, rien n'est dit sur sa relation au foot (dans la bibliographie n'est pas citée l'Epopée des Killers, pourtant parue chez le même éditeur...).

Et bien merci pour les précisions ca à l'air effectivement assez décevant, y'avait plusieurs trucs à dire sur Harris à ce sujet...

Cet été, dans les forêts de Corrèze, je me suis remis (des années après!) à la lecture de Choosing Death, l'histoire du death metal et du grindcore (qu'on voit sur les étagères de Tabris), et même si je n'ai pas écouté une bonne partie des groupes cités, je me marre bien en découvrant les anecdotes d'enregistrements de tel ou tel groupe.

J'enchaînerai (enfin!) avec la biographie de Paradise Lost, sponsorisée par Painy!

Choosing Death, depuis le temps que je l'ai, il faudrait que je le lise. Là, je vais commencer Apathy for The Devil, de Nick Kent, plus axé sur le rock 70's. Ça promet du sale.

Thierry a écrit:J'enchaînerai (enfin!) avec la biographie de Paradise Lost, sponsorisée par Painy!

Vu le temps que j'ai mis à la lire moi-même, je ne vais pas te mettre la pression mais ton avis m'intéresse.

Une biographie sur ULVER sortira fin novembre chez Flammes Noires. On peut déjà la précommander : https://hardforce.com/actu/42456/histoire-ulver-wolves-evolve-sortie-livre

painlesslady a écrit:

Thierry a écrit:J'enchaînerai (enfin!) avec la biographie de Paradise Lost, sponsorisée par Painy!

Vu le temps que j'ai mis à la lire moi-même, je ne vais pas te mettre la pression mais ton avis m'intéresse.

Je viens de la commander ! Mais avant je vais sans doute lire Into The Void, la bio de Geezer Butler (après celle d'Ozzy et celle de Tony Iommi... il ne manquera plus que Bill Ward !).

Ah excellent ! Tu me diras ce que tu en as pensé. J'ai appris plein de choses sur Paradise Lost.

Sinon chez les Flammes Noires, j'ai reçu The Devil's Cradle, l'histoire du black metal finlandais. Je l'attaque bientôt.